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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 15:57

Jusqu’ici, 9 arts sont comptabilisés (le plus récemment entré dans la liste étant la BD). Je militerais bien pour que le 10ème art soit la série TV. Bien sûr, il y a déjà le cinéma, le 7ème art, et une série, ça n’est jamais qu’un film découpé en morceaux, non ? Pas du tout ! Avec les saisons qui se succèdent, une série peut durer 20 à 50 fois plus longtemps qu’un film ; les possibilités narratives ne sont plus les mêmes, la façon de raconter l’histoire change complètement. La série, c’est le 10ème art ! Et en voici 10 à ne pas louper. L’ordre dans lequel elles apparaissent n’est pas un classement, pour moi il n’y a pas de hiérarchie.

Petite parenthèse, les goûts et les couleurs ne se discutant pas, vous trouverez sans doute que telle série que vous avez adorée méritait bien davantage de figurer dans ce palmarès que telle autre que j’ai sélectionnée. Sachez que moi-même j’ai renoncé à y faire figurer des séries que j’ai beaucoup aimées. Il n’y a que 10 places. Et des tas de raisons pour ne pas figurer dans les 10 : séries prometteuses mais ne comportant pas assez de saisons pour être jugées (The Americans, Orange is the New Black, House of Cards, Banshee, Vikings) ; séries qui, au contraire, se sont usées au fil du temps en durant trop (E.R., Dr House, Desperate Housewives) ; séries qui ont démarré sur les chapeaux de roue avant de tourner en jus de boudin (Lost, Prison Break) ; séries traitreusement abattues en plein vol (Flashforward, Detroit 1-8-7) ; séries tirant un peu trop sur la même ficelle (Californication, The Walking Dead, True Blood) ; bonnes séries mais qui finissent par nous gaver avec le système judiciaire américain (Damages, The Good Wife, Suits) ; séries sympa manquant un peu d’épaisseur (Veronica Mars, Hung) ; excellentes séries plombées par une « saison faible » (Dexter, Homeland) ; séries que je n’ai pas vues (je ne demande qu’à les découvrir, faites votre propre palmarès pour m’aider !) Et au fait, il n’y a que des séries américaines. Aucun championnat de Basket-Ball dans le monde n’est au niveau de la NBA ; pareil pour les séries, les Américains sont les plus forts, de très, très loin.

 

TREME (4 saisons)

Pas de suspense frénétique, de rebondissements spectaculaires, d’épisodes s’achevant sur d’insoutenables interrogations. Treme, c’est le nom (français) d’un quartier de la Nouvelle-Orléans. La série éponyme raconte, avec la lenteur et la majesté du fleuve Mississipi, la vie de quelques-uns de ses habitants, blancs et noirs, dont les destins se croisent et s’entrechoquent, après le passage de l’Ouragan Katrina. L’exploit de Treme est de parvenir, en délaissant toutes les ficelles scénaristiques habituelles, à demeurer puissamment addictive le long de ses quatre saisons. Ou plutôt de ses trois saisons et demie, la quatrième étant une saison raccourcie ; encensée par la critique, la série était sans doute un peu trop atypique pour captiver un nombre de spectateurs suffisant aux Etats-Unis et faire durer le projet. Pourtant, Treme est une expérience unique que je vous conseille fortement. Impossible de ne pas aimer ses personnages, impossible de ne pas rire et souffrir avec eux, impossible de ne pas avoir envie de replonger à chaque épisode dans l’univers de la Nouvelle-Orléans, dans ses couleurs et sa musique. Regardez Treme. Et très vite, dès que vous entendrez le générique, vous serez heureux, et vous aurez envie de danser.

 

SIX FEET UNDER (5 saisons)  

Difficile d’imaginer a priori qu’on puisse bâtir 5 saisons autour de la vie d’une famille d’entrepreneurs de pompes funèbres. Même si aux Etats-Unis, l’embaumement des corps revêt une grande importance (cérémonies avec le cercueil ouvert pour dire au revoir au défunt), le pari semblait risqué. Mais Six Feet Under réalise l’exploit de passionner le spectateur d’un bout à l’autre, grâce à sa profondeur quasi-philosophique, l’humanité de ses personnages et son humour omniprésent. Si Peter Krause trouve là le meilleur rôle de sa carrière, si Michael C. Hall se fait remarquer au point d’être choisi pour plus tard incarner Dexter, si Richard Jenkins (réduit à l’état de fantôme dès le début du premier épisode) et James Cromwell sont parfaits comme toujours, de mon point de vue, les actrices de la série arrachent la vedette aux hommes. Frances Conroy est géniale en mère évaporée, Rachel Griffiths extraordinaire en nympho déjantée, et Lauren Ambrose sublime en ado borderline (comment n’a-t-elle pas fait une carrière de premier plan après ce rôle ?). Ajoutons que la fin de la série est très certainement le point final le plus réussi, le plus magnifique que j’ai eu l’occasion de voir.

 

FRIDAY NIGHT LIGHTS (5saisons)

Encore un sujet qui au premier abord pourrait n’avoir rien de passionnant (surtout pour des Français). Toute l’histoire s’articule autour de l’équipe de football (américain) du lycée d’une ville du Texas (Dillon, un bled imaginaire). Culs-bénis invétérés (on prie avant les matches de foot, et Dieu est censé être du côté de l’équipe des Panthers), ces bouseux du Texas au milieu desquels on peine à découvrir la moindre affinité pour le parti démocrate n’ont rien théoriquement pour engendrer l’identification. Là où Friday Night Lights est phénoménale, c’est que l’humanité des personnages s’avère tellement intense qu’elle crée une formidable empathie et transcende les différences qui peuvent exister entre eux et le spectateur français moyen. Entre tragédies personnelles (handicap, alcoolisme, absence des parents) et galères collectives (pauvreté des moyens consacrés à la santé et à l’éducation, tensions raciales), les protagonistes de la série nous font partager leurs souffrances et leurs espoirs, guidés par un coach certes parfois un peu psychorigide à la sauce texane, mais doté de qualités humaines rares. Et peu à peu, chaque spectateur devient un supporter inconditionnel de son équipe.

 

THE WIRE (5saisons)

Avec le même créateur (David Simon), rien d’étonnant à ce que The Wire offre des caractéristiques assez proches de celles de Treme en terme d’écriture. Comme dans Treme, la ville, cette fois-ci Baltimore, est un élément central. On retrouve la même profondeur d’analyse en matière socio-politique, la même critique sous-jacente de la société américaine, le même travail très fouillé sur la psychologie des personnages, dont aucun n’est une caricature ou un archétype. On retrouve également le même rythme un peu lent, la même volonté d’esquiver la facilité d’un enchaînement frénétique de pirouettes scénaristiques (classique dans beaucoup de séries) pour mieux se consacrer au fond du sujet. Avec, en toute logique, le même résultat, c’est-à-dire un immense succès critique doublé d’un résultat commercial plus décevant. The Wire est une sorte d’analyse, à travers des enquêtes policières menées par des flics désabusés mais obstinés, de la désagrégation des cités américaines (Baltimore pourrait être remplacée par n’importe quelle mégalopole des USA), colosses impressionnants rongés de l’intérieur par la drogue, la corruption, la désindustrialisation et la misère qui en découle. A noter que d’excellents acteurs de The Wire ont aussi joué dans Treme, pour notre plus grand plaisir (Clarke Peters, Wendell Pierce)

 

THE SOPRANOS (6 saisons)

Dur d’être le parrain de la mafia du New-Jersey. C’est ainsi qu’on peut résumer The Sopranos, série culte qui nous fait partager les vicissitudes d’une famille italo-américaine dont le chef Tony (prodigieux James Gandolfini) doit se coltiner non seulement les soucis inhérents à son rôle de pater familias, mais aussi ceux qui arrivent en cascade du clan mafieux auquel il appartient. Tellement de pression qu’il en fait des malaises psychosomatiques et doit consulter une psy !  La plus grande réussite de The Sopranos, c’est de dépeindre à la perfection une galerie de personnages mijotant depuis leur plus tendre enfance dans les codes des truands italo-américains, marqués à la fois par une avidité sans bornes et une propension à recourir à la violence pour n’importe quoi, tout en restant profondément attachants. C’est une qualité constante des bonnes séries de donner cette épaisseur aux personnages. Dans le cas de The Sopranos, le défi était particulièrement relevé, tant les protagonistes font le grand écart entre ce qui fait d’eux des individus ordinaires dans leurs sentiments à l’égard de leurs proches, et des êtres retors, cruels et obsédés par l’argent dans leurs rapports « professionnels ». D’autant plus que les proches et les relations d’affaires sont souvent les mêmes… Excellents acteurs, avec une mention spéciale à Nancy Marchand dans le rôle de la mère de Tony.  

 

BREAKING BAD (5 saisons)

Un professeur de Chimie, condamné à court terme par un cancer du poumon, s’improvise fabricant de méthamphétamine pour laisser à sa femme et à son fils handicapé un pécule après sa mort. La série, à la fois énorme succès critique et commercial, entraîne le spectateur avec un art consommé dans la lente mutation d'un brave père de famille en parrain de la drogue redoutable. Hormis l’écriture scénaristique impeccable et originale, la justesse des acteurs et l’équilibre parfait  de la série (5 saisons, point-barre, malgré les tentations qui ont dû être fortes de rallonger la sauce), c’est la fascination pour ce Docteur Jekyll contemporain qu’est Walter White (incarné magistralement par Bryan Cranston) qui fait la force de Breaking Bad. L’identification au personnage principal prend racine dans le désir obscur de chacun de boire la potion capable de transformer le bon Jekyll en terrifiant Mister Hyde, le brave professeur White en mystérieux et inquiétant Heisenberg (son pseudo de dealer). A noter que Breaking Bad est entré dans le livre des records en obtenant la note de 99/100 décerné par le site Metacritic, un score jamais obtenu qui sous-entend que pour Metacritic, Breaking Bad est la série parfaite.

 

GAME OF THRONES (cinquième saison en préparation)

Me voilà en train de déroger à la règle que je m’étais moi-même fixée pour ce palmarès : ne sélectionner que des séries achevées. Mais il est bien difficile de laisser de côté le phénomène Game of Thrones ! (du coup, je fais la même entorse pour toutes les séries dont la critique suit) A l’origine d’un engouement planétaire qui provoque une frénésie de téléchargements, Game of Thrones est avant tout une excellente adaptation. Les lecteurs de la saga de George R.R. Martin doivent trouver bien peu à redire (il y a cependant toujours des grincheux).  L’univers de Fantasy très original de cet auteur est parfaitement restitué, grâce à un excellent casting (Peter Dinklage prodigieux en Tyrion Lannister notamment), un scénario intelligent respectueux du rythme de l’histoire et déjouant habilement les difficultés posées par le roman (qui sont nombreuses), plus des moyens importants esquivant le piège de la Fantasy en carton-pâte (le genre est coûteux à porter à l’écran). Le résultat est magique (sauf pour les allergiques au genre). Le bonus avec Game of Thrones : si vous avez des gamins en âge de la suivre, lisez le roman (de préférence en anglais pour avoir encore plus d’avance sur la série) et menacez-les de spoiler l’histoire en cas de conflit (technique éprouvée déjà par des enseignants) ; le pouvoir que cela vous donnera sur eux est incommensurable.

 

SONS OF ANARCHY (septième et dernière saison en cours)

Série en cours également (mais la dernière saison est en train de s’achever, ce qui est loin d’être le cas pour Game of Thrones), Sons of Anarchy est une sorte de tragédie grecque chez les bikers californiens, avec le journal d’un défunt dans le rôle du chœur. Si cette série a en commun avec The Sopranos le fait de tirailler les personnages entre leurs liens affectifs et leur business illégal, la comparaison s’arrête là. Le SAMCRO (Sons of Anarchy Motorcycle Club Redwood Original) n’est pas la mafia du New-Jersey. Les blousons de cuir ornés d’une « faucheuse » remplacent les costumes de luxe, les tatouages exubérants, crânes rasés ou coupes hirsutes donnent une tout autre allure aux personnages, et les règlements de compte sont loin d’être discrets. Sons of Anarchy est une série sur-vitaminée, à l’intérieur de laquelle des intrigues multiples s’entremêlent en permanence et se résolvent à une cadence infernale. La pression ne se relâche jamais sur le spectateur, comme elle ne se relâche jamais sur les protagonistes de l’histoire, aspirés en permanence dans une spirale de violence, au sein de laquelle ils tentent désespérément de se raccrocher aux règles du MC (Motorcycle Club), cette utopie à laquelle ils tiennent plus qu’à leur propre vie.

 

THE BIG BANG THEORY (huitième saison en cours)

Sitcom avec rires du public en fond sonore, cette série avait a priori tout pour me rebuter. Mais une fois embarqué avec cette bande de geeks au QI surdimensionné, pourtant désespérément puérils, monstrueusement complexés et extraordinairement imbus d’eux-mêmes, impossible de les lâcher ! A noter que les rires que j’ai évoqués ne sont pas enregistrés et plaqués sur la bande-son, mais qu’il s’agit des rires d’une salle pliée en deux assistant vraiment au tournage comme au théâtre. Le Docteur Sheldon Cooper (formidablement incarné par Jim Parsons), physicien génial abominablement prétentieux, anorexique sexuel, maniaque et obsédé par les trains et les conventions Star-Trek, domine de sa silhouette dégingandée la galerie de personnages de The Big Bang Theory, tous plus hilarants les uns que les autres, et dont le plus original, une mère juive caricaturale, accomplit la performance d’être particulièrement envahissant tout en étant en permanence réduit à une voix (on ne voit jamais l’actrice, on l’entend seulement). S’il est fortement conseillé de regarder toutes les séries en VO, c’est absolument indispensable pour The Big Bang Theory. L’effroyable doublage français transforme la série comique la plus drôle que je connaisse en brouet insipide.

 

SUPERNATURAL (dixième saison en cours)

Pour ceux qui pratiquent ou ont pratiqué les jeux de rôles, il est possible que cette série vous rappelle quelque chose. Les frères Winchester commencent la première saison en traquant ici un Wendigo, là un fantôme. Peu à peu, ils se trouvent impliqués dans des quêtes bien plus ardues, impliquant des conflits entre anges et démons (progression classique d’un personnage de jeux de rôles). Je dois avouer que j’ai hésité longtemps pour choisir la dixième et ultime série de ce palmarès. Supernatural a pour handicap d’en être arrivé à sa dixième saison. C’est un gage de succès commercial, mais le bon équilibre pour une série réussie se situe en général autour de 5 ou 6 saisons. Au-delà, il devient très difficile de se renouveler. Pourtant, il m’a paru impossible de ne pas sélectionner cette série addictive et très bien construite. Et pour un écrivain de SFF, ne choisir que Game of Thrones pour représenter le triptyque SF-Fantastique-Fantasy était plutôt gênant. Il n’en reste pas moins que porter à l’écran n’importe lequel de ces trois genres est bien plus difficile que créer une série policière ou une sitcom. La réussite de Supernatural méritait donc amplement d’être saluée. Une fois accroché par l’intrigue, le spectateur suit avec plaisir les pérégrinations de Sam et Dean dont le job de chasseurs de créatures surnaturelles offre des garanties en matière de scènes spectaculaires. Jared Padalecki et Jensen Ackles assurent parfaitement dans le rôle des frères Winchester, tout en se faisant un peu voler la vedette par Misha Collins, incroyable en ange au look d’inspecteur Colombo.     

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